Une brève histoire des agrocarburants...

Si le diesel avait été un agrocarburant

C'est à la fin du 19e siècle que le moteur conçu par l'ingénieur allemand Rudolf Christian Karl Diesel a vu le jour. Cet homme doué venait d'inventer ce qu'il nomma le "moteur à huile" qui est désormais alimenté par le carburant éponyme. Cependant, son intention première était de le faire fonctionner avec des huiles végétales : des agrocarburants ! A peine nés, les transports motorisés misaient donc déjà sur eux, mais la production agricole n'était pas ce qu'elle est aujourd'hui, et l'exploitation du pétrole à cette époque a éclipsé l'utilisation de combustibles d'origine végétale. Plus tard, les agrocarburants étaient utilisés par les colons européens en Afrique du fait de leur accessibilité locale supérieure à celle du pétrole à l'époque.

Naissance économique

Economiquement, les agrocarburants sont nés au Brésil. Leurs développements résultent d'une réorientation de la politique énergétique du pays à la suite du premier choc pétrolier. Ayant donc la même cause que le développement du parc électrique nucléaire en France, ils ont été promus par une stratégie sur deux axes majeurs. Ainsi, les plans pro-alcool et pro-oléo furent créés au Brésil en 1976. L’objectif premier était d’offrir une alternative énergétique moins onéreuse que le pétrole dont les prix avaient triplés depuis 1973. Le plan résulte d’une combinaison de facteurs contextuels qui ont permis au Brésil d’atteindre aujourd’hui le rang de leader sur les agrocarburants. Une alliance entre technologie développée et potentiel agricole a résulté sur une génération d’automobile alimentée uniquement à l’alcool. Puis la baisse du prix du baril a de nouveau obligé l’essentiel de la flotte automobile brésilienne à revenir aux technologies classiques du pétrole. Depuis les fluctuations du cours du baril et l'évidente nécessité d'alternative aux énergies fossiles ont constitué les principaux arguments pour que d'importantes évolutions technologiques soient réalisées jusqu'à aboutir au système flex fuel. Celui-ci permet l’utilisation indifférenciée d’essence, d’alcool et de mélange alcool essence. Cet équipement de série représentait en 2008 presque 90% des ventes de voitures neuves au Brésil.

Et maintenant…

Aujourd’hui les plus grandes multinationales automobiles mondiales sont présentes au Brésil pour activer les transferts de technologies et de compétences nécessaires. Il semble qu'il est désormais impossible, d’un point de vue de stratégie économique, de ne pas s’adapter à cette technologie alternative.

Romain Peyrache