La Jatropha curcas est originaire du Brésil et connaît maintenant une aire de répartition couvrant la quasi totalité des terres intertropicales du globe.
Des débuts remarqués
Ce végétale a été promue dans le secteur des agrocarburants au moment où l’opinion publique internationale entrevoyait les menaces de concurrence alimentaire des cultures agro-énergétiques sur les productions alimentaires. Nombreux sont ceux qui ont été séduits par la « plante miracle », capable de produire en milieu semi désertique, elle présente également des rendements en huile supérieurs aux oléagineuses comme le soja, le colza ou le tournesol… Sans risque par rapport à la sécurité alimentaire la culture de la Jatropha curcas a été promue par de nombreux sites Internet et articles scientifiques comme étant très intéressante pour la production biodiesel. Dans ces conditions, elle a très vite fait partie de plans politiques de promotion des bioénergies des pays du Sud comme au Mali, en Côte d’Ivoire, en Tanzanie ou encore en Inde où elle correspond à un pilier fondamental du plan ambitieux visant la substitution de 20% du diesel conventionnel par du biodiesel à l’échelle national d’ici à 2013.
Des géants de l’énergie, comme British Petroleum, impliqué à partir de 2007 dans une joint venture avec D1 Oils, l’avaient placé au centre de leur stratégie de recherche et développement d’agrocarburants en investissant des centaines de millions de dollars US.
Du doute à l'énigme
Petit à petit, la réputation de la Jatropha curcas a été affectée par des retours d’expériences contrastés, voire décevants. On dénonce désormais les informations peu fiables disponibles sur Internet tout en réalimentant l’argumentaire selon lequel cette espèce a un fort potentiel mais mérite plus de recherches agronomiques et de développement de technologies de récolte, notamment…
L’énigme reste aujourd’hui entière. L’annonce dans une dépêche de l’AFP (Agence France Presse) selon laquelle BP se retirait de la joint venture créée deux ans auparavant avec D1 Oils, et déclarait arrêter d’investir dans cet axe de recherche, a représenté un signe fort pour le secteur. Cependant, dans la foulée, un consortium de recherche formé par Agro-Paris Tech, le CIRAD (Centre International de Recherche Agronomique pour le Développement) et diverses universités européennes et américaines font paraître leurs travaux sur l’Analyse du Cycle de Vie de la Jatropha curcas en Afrique de l’Ouest (article publié dans la revue Global Change Biology Bioenergy). Les résultats présentés sont prometeurs. Ils montrent en effet que les économies d’émissions de GES sur le cycle de vie du biodiesel produit à partir de Jatropha sont de 72% par rapport au diesel conventionnel. De plus l’indice d’efficacité énergétique de l’agrocombustible est déterminé à 4,7, c'est-à-dire que pour chaque unité d’énergie fossile consommée 4,7 unités de biodiesel seraient produites…
Il est toutefois regrettable que ces recherches n’aient pas tenu compte des externalités environnementales indirectes liées à l’eutrophisation ou à l’éco-toxicité causé par les cultures. Peut être s’agit il d’une partie de la solution de l’énigme…
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