Editorial

Ce site a plusieurs intentions complémentaires et vise différents publics :

1) permettre aux consommateurs d’obtenir des repères sur une nouvelle source énergétique : les agrocarburants.
Les avis diffèrent de manière diamètralement opposée à leur sujet selon les intérêts de ceux qui les expriment. Il est difficile de traiter la problématique sans afficher une opinion. Ce site
présente une réflexion basée sur des faits concrets, sur les enjeux des agrocarburants et le développement durable.

2) constituer une base d'informations ressources sur les agrocarburants pour le développement durable. Il entend permettre aux coopératives du Sud le désirant de mieux connaître les potentiels d’application locale des technologies agro-énergétiques.

3) Fournir des exemples d'activités socialement et environnementalement responsables. Il s'agit de promouvoir de bonnes pratiques entrepreunariales desquelles des investisseurs peuvent s'inspirer pour le développement des agorcarburants dans les pays du Sud.

Excellente visite.

_________________________________________________________________________

Creative Commons License
Cette création est mise à disposition sous un contrat Creative Commons.

Rechercher dans ce blog

vendredi 20 février 2009

"Manger ou conduire, il faut choisir" : une phrase très mal formulée !!!

Les agrocarburants sont critiqués pour leurs impacts environnementaux néfastes ; et c’est tant mieux, car nous avons besoin de sources énergétiques plus propres dans leur production et leur consommation !

La déforestation au Brésil serait due aux agrocarburants?

Lors du dernier Forum Mondial Social à Bélem au Brésil à la fin du mois de Janvier 2009, les agrocarburants ont tenu une place importante dans les débats. On dénonce le fait que, par un effet de domino, leurs productions accentuent la déforestation en Amazonie. Ils restent produits quasi exclusivement dans des états éloignés de la forêt amazonienne. Mais l’espace qu’ils prennent là oblige d’autres productions en expansion à se déplacer pour finalement empiéter sur les terres de la plus grande forêt tropicale du monde.

Image : Greenpeace.


Les agrocarburants posent des problèmes !

Les systèmes de productions d’agrocarburants actuels polluent. La monoculture, les intrants chimiques, la mécanisation sont autant de facteurs augmentant les émissions de CO2 et réduisant le bilan carbone de ces combustibles. Mais ces pollutions ne sont pas spécifiquement celles des agrocarburants mais elles concernent le modèle agricole actuel : hyper mécanisé, intensif et surtout mondialisé.

Evidemment, il est indispensable de privilégier les cultures alimentaires lorsque des cas de concurrences avec des productions énergétiques surviennent. Toutefois, au niveau local, ces situations sont loin d’être généralisées à l’heure actuelle. Notons que ce danger existe surtout parce que les agrocarburants sont avant tout envisagés comme une production d'exportation. En privilégiant des filières de production / consommation courtes, avant d’envisager l’export, ces problématiques de concurrence alimentaire serait nettement réduites.

Au Brésil, il est vrai que les cultures de soja et l’élevage prennent de plus en plus d’importance dans les états abritant la forêt amazonienne. Les conséquences sont importantes, car outre la libération du CO2 séquestré par les arbres, le changement d’affectation des sols provoque lui aussi une importante libération de CO2. Entre 1996 et 2006, l’extension de l’élevage bovin serait responsable de la déforestation de 10 millions d’hectares de forêt Amazonienne (rapport Greenpeace).

D'autre part, le Brésil produit 24% du soja du monde dont au moins 75% sont exportés sous formes de graines ou de tourteaux. La proportion de soja transformé en biodiesel est faible au Brésil.


Plantations de Soja au Brésil.


Rappelons qu’en 2008, le Brésil était l'un des premiers producteurs mondiaux de ces 2 denrées alimentaires, parmi d’autres. De plus, les objectifs nationaux de performances agricoles sont bien plus ambitieux. Avec actuellement plus de 200 millions de têtes de bétails (en production bovine), le Brésil ne compte pas s’arrêter là. Premier partenaire commerciale pour les produits agricoles de la Chine, le Brésil fait de sa production et de ces compétences agricoles une force pour son développement.

Parallèlement, en 2008, le Brésil a également atteint la 4ème place mondiale des pays qui émettant le plus de GES. L’accélération de la déforestation en est la première cause.

L’alimentation pour le développement…

La faim dans le monde est une problématique visible principalement dans les Pays En Développement. Le Brésil ne peut plus réellement être considéré comme un PED. Actuellement émergeant et considéré comme l’une des plus grandes puissances agricoles mondiales, le Brésil comptait toutefois 16,7 millions de personnes concernées par la faim selon la FAO en 2003. La production nationale permettrait largement la sécurité et la souveraineté alimentaire. Il s’agit d’un problème de pouvoir d’achat et donc de développement d’une bonne partie de la population.


Le Brésil est un des principaux pays exportateurs de produits agricoles du monde. Soja et bœuf, à l'origine de la majeure partie de la déforestation actuelle en Amazonie, sont exportés par millions de tonnes généralement vers les pays à forts pouvoir d'achats : USA, Europe ou encore la Chine. Le commerce international de produits agroalimentaires représente environ 35% des recettes nationales d’exportations.

... Mais le développement nécessite aussi de l’énergie !

Les contextes sont différents dans chaque pays. Mais une généralité existe : l’énergie est un facteur limitant du développement (cf. article "Un changement impératif !") La population devrait avoir accès à la nourriture. Outre des mesures politiques à adopter en interne, pour une meilleure prise en charge sociale des populations défavorisée, leur pouvoir d'achat doit augmenter.




Répartition de la consommation énergétique (http://www.worldmapper.org/index.html)

Le meilleur accès énergétique que peuvent permettre les agrocarburants produits avec une ressource naturelle locale, pourra favoriser le développement de ces populations tout en limitant les émissions de CO2. De plus, le prix du pétrole, qui se raréfie, devrait augmenter jusqu'à son seuil de non rentabilité. Ainsi il ne représente pas pour les populations défavorisées un accès énergétique intéressant, car souvent trop cher.

Manger de la viande quotidiennement ou laisser l’opportunité d’un meilleur accès énergétique à tout le monde ?

La question est de savoir comment permettre un développement soutenable pour le plus grand nombre -alors que l’augmentation démographique est importante-, tout en réduisant nos émissions de CO2 pour limiter les conséquences de l'effet de serre ?

Si l’énergie est nécessaire aux populations défavorisées pour leur développement, la limitation des émissions de GES est un devoir pour tout le monde. Le professeur Chris Field de l’Université de Stanford, et membre responsable du GIEC (Groupe Intergouvernemental d’Experts sur le Climat) annonçait des effets du changement climatique pires que prévus dans le dernier rapport de 2007. La principale raison est la tendance de développement globale de l’Humanité qui évolue à la hausse en termes de dégagement de CO2.

Au même titre qu’une partie de la réponse pour une amélioration de la situation concerne la production correctement réglementée et l’utilisation suffisamment raisonnée d’agrocarburants, une autre partie correspond au changement nécessaire au niveau de l’agriculture en générale. Une autre partie de la solution réside sans aucun doute, dans un changement des modes de consommation de protéines. Alors qu’aujourd’hui le français ou l’américain moyen mange chaque jour environ 120g de viande, le mozambicains n’en absorbe que 41 (Quid 1999). Sans nul doute, le mozambicains a également un accès énergétique inférieur...


Romain Peyrache

1 commentaire:

  1. Ce qui est vraiment dommage, c'est qu'aujourd'hui le Brésil détruit sa forêt amazionne. A court terme elle rapporte bien moins de devises que les bestiaux ou le soja, alors qu'une valorisation raisonnées et durables des espèces, faunes et flores confondues, apporterait certainement un mieux être pour l'humanité et des devises pour les Brésiliens (découverte de nouveaux principes actifs en médecine notamment) que les millions de tonnes de soja et de viande.
    Ce serait intéressant de pousser la réflexion légèrement plus loin. Le constat que tu fais est édifiant, mais comment ne pas participer à cette catastrophe ? J'ai quelques réponses, cependant, en cherchant on s'aperçoit qu'il y a énormément de choses que l'on ignore. Tiens, aujourd'hui, j'ai découvert que 40% de la pâte à papier utilisée en France pour fabriquer du papier provient de forêts primaires du Sud... Je vais coller de ce pas un STOP PUB sur ma boîte aux lettres au lieu de mettre directement les prospectus au recyclage...

    RépondreSupprimer