Editorial

Ce site a plusieurs intentions complémentaires et vise différents publics :

1) permettre aux consommateurs d’obtenir des repères sur une nouvelle source énergétique : les agrocarburants.
Les avis diffèrent de manière diamètralement opposée à leur sujet selon les intérêts de ceux qui les expriment. Il est difficile de traiter la problématique sans afficher une opinion. Ce site
présente une réflexion basée sur des faits concrets, sur les enjeux des agrocarburants et le développement durable.

2) constituer une base d'informations ressources sur les agrocarburants pour le développement durable. Il entend permettre aux coopératives du Sud le désirant de mieux connaître les potentiels d’application locale des technologies agro-énergétiques.

3) Fournir des exemples d'activités socialement et environnementalement responsables. Il s'agit de promouvoir de bonnes pratiques entrepreunariales desquelles des investisseurs peuvent s'inspirer pour le développement des agorcarburants dans les pays du Sud.

Excellente visite.

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lundi 16 mars 2009

Le niveau local prioritaire...

Les agrocarburants ne représentent pas le « pétrole » vert !


Les agrocarburants ont pour caractéristique de pouvoir être produits partout. Cela les différencie radicalement du pétrole dont la formation, à un endroit donné, résulte d’une combinaison de facteurs géologique et biologiques étalés sur une longue échelle de temps.

Cette faculté intrinsèque de ces carburants a été éclipsée, d’une part, par le potentiel économique à court terme que les principaux acteurs mondiaux du secteur énergétique y ont vu. D’autre part, ils représentaient un moyen de diversification agricole, notamment en Europe et aux Etats-Unis. C’est pourquoi, les mesures politiques pour encourager leurs productions industrielles dans les pays du Nord ont permis leur croissance si rapide durant ces cinq dernières années.
Ainsi, plutôt que de considérer les avantages propres aux agrocarburants, la grande majorité des investisseurs dans les agrocarburants en ont fait aux yeux de tous un « pétrole bis ».

Le problème n’est pas qu’ils vont prendre progressivement de plus en plus de place dans les réservoirs des voitures, au contraire, dans une limite raisonnable ceci est positif ! Mais le problème est bien qu’on ne profite pas de leur principale qualité : la possibilité de les produire à proximité des besoins !


Les agrocarburants : une source d'énergie locale !


Les différentes cultures et technologies agricoles connues actuellement permettent des productions d’agrocarburants sur tous les continents. Des productions d’agrocarburants, et plus globalement d’agro–énergies localisées, offrent des avantages importants aux plans socio-économiques et environnementaux.

Tout d’abord, les agrocarburants permettraient d’améliorer l’accès énergétique des populations du globe éloignées des infrastructures d'alimentation énergétique, éléctrique et / ou fossiles. Des productions intégrées (comme celle promues par le spécialiste Ignacy Sachs) au niveau local favorisent plus d’indépendance par rapport à l’environnement économique mondial, souvent subi par les populations pauvres. L’année dernière par exemple, le pétrole a connu une augmentation de prix sans précédent. Cette crise a provoqué des effets en cascade pour les populations les plus vulnérables, dont la facture énergétique pèse en moyenne10 fois plus lourds sur le budget d’une famille qu’en Europe (selon les données croisées du PNUD et de la Commission Européenne).

De l'énergie pour le développement rural...

D’autre part, l’ancrage territorial induit par un meilleur accès énergétique à moindre coût, sur les populations rurales, provoquerait d’importantes évolutions des modes de développements locaux. L’exode rural dans les Pays En Développement (PED) serait certainement moins brutal. En effet, en Afrique Sub Saharienne par exemple, le milieu urbain absorbe 80 % de la croissance démographique totale, et le niveau moyen d'urbanisation augmentera d’environ 20% entre 1990 et 2020. Cette évolution pose d’importants problèmes de santé publique et d’atteinte à l’environnement car les infrastructures urbaines n'évoluent pas suffisament rapidement. Sur les 25 plus grandes métropoles du monde en 2025, seules 3 seront dans des pays développées (selon le site : http://www.geopopulation.com/). En outre, les populations immigrantes sont souvent contraintes à des conditions de vie pires que celles qu’elles pensaient quitter en zones rurales, comme en témoigne le rapport des Nations Unies (UN Habitat 2001) qui affirme que plus de 70% des 165 millions d'urbains d'Afrique Sub Saharienne vivent dans des bidonvilles. Le développement territorial rural est de première importance dans ces pays et les agrocarburants ont un rôle à jouer dans ce processus.




Township de Sowéto, Afrique du Sud ; crédit photo : Matt-80

Vers de nouveaux modèles...

Des filières de production / consommation courtes sont écologiquement plus avantageuses. Dans un cadre réglementaire qui inciterait en premier lieu, la recherche et le développement, et qui limiterait l’export à l’international de matière première, la gouvernance locale serait simplifiée. L'évolution de technologies adaptées à tous les milieux menées avec des politiques pensées au niveau local, rendrait la sécurité alimentaire et la souveraineté énergétique complémentaire et non concurrentielle. Cela participerait à l’apaisement de certains conflits locaux liés aux enjeux énergétiques et / ou alimentaires. De plus, des productions énergétiques intégrées usant des ressources locales permettraient d’importantes diminutions d’émissions de CO2.


Un exemple originale...


En Ecosse, la distillerie de whisky Glenturret a décidé de s’associer avec Scottish Bioenergy Ventures. Les eaux usées par la fermentation alcoolique, enrichies en matière organique, ainsi que le CO2 émis lors du procédé de fabrication du whisky, vont permettre la production de biodiesel. Le nécessaire traitement de l’eau et la gestion des émissions de CO2 correspondait à des externalités environnementales coûteuses. Dans ce cas de figure, ils sont utilisés comme intrants dans la production de biodiesel avec des algues oléagineuses. La production d’agrocarburants reste encore très modeste, mais l’idée est là.

Dans ce projet pilote, l’échelle de production d’agrocarburants, sans être commerciale, est déjà rentable car l’énergie produite est réutilisée et génère une diminution des charges fixes de l’entreprise. Ce mode de gestion des externalités environnementales tend à se développer. La "révolution énergétique" en cours nécessite tout d'abord des économies d'énergies et des innovations techniques dans leur production, mais elle suggère également des évolutions systèmiques pour une gestion des flux de matières premières à un niveau local.

Romain Peyrache

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